
Le Karma Yoga
L’égo de Sâdhu
Extrait du livre « Ramchandra, l’Enfant des Himalayas »
Jeune et sâdhu, mon renoncement au monde impressionnait beaucoup les gens. Ils venaient me voir, me posaient des questions, me demandaient comment résoudre certains problèmes… ou me donnaient simplement de l’argent et restaient méditer près de moi…
Parfois, je recevais plusieurs invitations en même temps, et les gens se battaient entre eux pour être celui qui me recevrait chez lui. J’étais habitué à tout ça. C’était normal.
Mais tout cela me rendait le travail de l’ashram difficile. J’avais cet ego de sâdhu qui me faisait souffrir. On m’avait donné comme travail de nettoyer les grosses gamelles de la cuisine avec du citron pourri et de la terre. Après les repas, je devais nettoyer les assiettes des milliers de gens qui avaient fini de manger. Je m’occupais du premier bac, là où les gens mettaient leur assiette pleine de sauce et de déchets.
Je ne comprenais pas pourquoi je me retrouvais dans cette situation. Qu’avais-je fait pour avoir ce karma ? J’étais sale, je sentais mauvais : « pourquoi est-ce que j’étais ici ? » En même temps, je voyais des gens diplômés, très instruits, faire le même genre de travail… et n’éprouver aucune difficulté, être calmes, tranquilles et concentrés !
Alors, en les voyant, je me disais que je devais continuer… qu’il y avait quelque chose derrière tout ça !
La révélation
Extraits du livre « Ramchandra, l’Enfant des Himalayas »
Tout le monde voyait que je n’étais pas heureux dans mon travail.
Un jour, mon meilleur ami m’invita avec insistance à aller demander un autre travail, quelque chose qui me correspondait mieux, comme l’enseignement à l’école.
Une expérience merveilleuse, que je raconte dans le livre, changea alors complètement mon point de vue.
Je me rendis compte de la Perfection de la Vie et je compris profondément le sens du Karma Yoga : le don total de ses actions à Dieu, sans aucune attente, sans rien espérer en retour… simplement parce que c’est CE qui doit être fait à ce moment-là… simplement parce que CE qui est là, est le meilleur pour soi, pour devenir plus sage et plus fort.
Je ne travaillais plus pour que les assiettes soient propres, je travaillais pour Dieu ! Je ne travaillais plus pour recevoir de la reconnaissance, je travaillais pour Dieu !
Lorsque vous travaillez pour l’argent, le but final est l’argent… C’est un but personnel qui nourrit l’ego.
Lorsque vous travaillez pour Dieu, le but ultime est Dieu… Et ça change tout. Travailler pour Dieu, c’est travailler pour toute l’humanité car nous sommes tous UN.
À partir de ce moment-là, tout est devenu différent : j’ai tellement aimé faire mon travail, que je ne peux pas vous décrire avec des mots la Joie que je ressentais. Ce même travail que je n’aimais pas avant, était devenu de la pure joie ! J’étais au-dessus de la terre, tellement léger, j’avais tellement de joie et d’énergie ! Je ne ressentais plus aucune fatigue !
À partir de ce moment-là, tout travail est devenu une véritable méditation.
Je disais aux gens :
– Si vous n’aimez pas votre travail, demandez-moi et je le ferai !
Et je le faisais.
J’avais découvert le véritable sens du Karma Yoga.
Les Enfants et le Karma-Yoga
Tous les enfants pratiquent le Karma-Yoga dès leur plus jeune âge. Cela fait partie de la vie à l’ashram.
Chaque matin avant le repas et l’école, et chaque soir, après l’école, il y a une heure de karma-yoga pour tous. Chaque samedi matin, jour férié de la semaine au Népal, est également consacré au karma-yoga.
C’est une merveilleuse discipline qui leur apprend beaucoup de choses.
D’une part, ils apprennent le sens du travail et de la communauté, le sens du don et de la responsabilité, le sens de l’effort et de l’engagement… mais ils apprennent d’autre part des choses très concrètes de la vie quotidienne : le jardinage, la cuisine, le soin aux vaches, la construction, etc. etc.
Ils apprennent surtout à ne pas être égoïstes ! Ils apprennent le sens du Seva, le service désintéressé.
C’est un véritable trésor pour leur vie future.