Seisme de 2015 - Maison d'origine détruite

Les Séismes de 2015

Depuis deux ou trois ans, les gens parlaient d’un nouveau tremblement de terre au Népal. Ici, tout le monde sait que cela arrive tous les quatre-vingts ans environ. Le dernier avait eu lieu le 15 janvier 1934. C’était un des tremblements de terre les plus forts qu’il y ait eu dans le monde jusqu’à aujourd’hui — magnitude 8.

La Fête

Extrait du livre « Ramchandra, l’Enfant des Himalayas »

Le 24 avril 2015, nous célébrions les vingt-deux ans du Sri Aurobindo Yoga Mandir.
Amis, familles et visiteurs étaient venus du voisinage et de la ville.
Les enfants avaient préparé des petits spectacles de danse et de yoga.
Tous les âges participaient. Il y a eu aussi des discours. Beaucoup de bonnes choses à manger avaient été cuisinées. C’était la fête pour tout l’ashram.
Un grand moment sacré !
Pour nous, au Népal, c’est le premier mois de l’année dans notre calendrier : le 24 avril 2015 correspondait au dixième jour de l’année 2072.
Partout au Népal, l’école commence entre le 15 et le 17 avril. C’est la nouvelle année scolaire, après vingt jours de vacances.
À l’ashram, il y a un peu plus d’un mois de vacances car, à cause de la grande fête du 24, tous les enfants restent en vacances et la nouvelle année scolaire commence pour eux aux alentours du 30 avril.
Nul ne pouvait imaginer ce qui allait se passer le lendemain.

Une Matinée très particulière

Extrait du livre « Ramchandra, l’Enfant des Himalayas »

Le matin du 25, il y avait énormément de vent, ce n’était pas du tout comme d’habitude. La matinée était particulièrement sombre, fort nuageuse, et froide. C’était un drôle de temps pour la saison.
Deux très gros camions étaient venus nous livrer le foin pour la nourriture des vaches, beaucoup de foin. C’était un samedi. Au Népal, c’est le jour de repos de la semaine. Toutes les écoles sont fermées. Ce jour-là, à l’ashram, le matin, nous faisons tous ensemble du karma yoga, avant le repas vers onze heures.
À part pour quatre ou cinq filles qui cuisinaient, et pour ceux qui faisaient les marchés biologiques de Katmandou, le karma yoga de ce samedi particulier était de décharger le foin. Les enfants le mettaient dans des sacs et certains allaient les porter jusqu’à l’étable, d’autres au rez-de-chaussée de l’école.
Les camions étaient arrivés assez tôt. Le travail avait commencé vers sept heures trente. Toute la famille de l’ashram était là, sauf quelques petits qui jouaient.
À onze heures, nous avions presque fini. Il restait quelques sacs. Nous nous apprêtions à aller manger. Beaucoup d’enfants étaient fatigués et tous avaient faim. Et là, un troisième camion est arrivé ! C’était étonnant, car nous ne l’avions pas commandé. Il avait été demandé par une autre personne qui, je ne sais pas pourquoi, ne l’avait pas voulu. Comme le chauffeur, qui nous connaissait, se retrouvait avec son chargement sur les bras, il avait décidé de venir voir à l’ashram si nous voulions le foin.
La plupart des enfants étaient mécontents : ils pensaient qu’ils allaient pouvoir s’arrêter. Je voulais décharger le camion, mais eux ne voulaient pas. En moi, je sentais que c’était important de le faire dans la foulée, de ne pas attendre, d’autant que nous étions déjà tous poussiéreux. Il n’était pas utile d’aller se laver et de recommencer à se salir après le repas. En outre, le chauffeur devait aller à un mariage le lendemain et il me priait de le décharger le plus vite possible.
J’ai suivi ce que je sentais et j’ai décidé que nous allions décharger le camion avant de manger.

Nous avions commencé le déchargement. Nous avions fait la moitié. Tout le monde était en action. Tout d’un coup, on aurait dit que tous les oiseaux s’étaient envolés et piaillaient tous ensemble. Dans le même temps, tous les chiens des alentours se sont mis à aboyer. C’était une vraie cacophonie ! Mais personne d’entre nous n’a fait attention à ça. Peut-être à cause de la concentration pour travailler vite et de la déception du troisième camion à décharger, alors que chacun pensait avoir fini ? Je ne sais pas.
Et le tremblement de terre est arrivé !

Le Miracle

Extrait du livre « Ramchandra, l’Enfant des Himalayas »

J’ai tout de suite compris ce qui se passait.
J’ai crié :
– SORTEZ TOUS DEHORS !
J’ai voulu courir, mais ça sautait tellement, que je faisais du surplace.
J’étais inquiet pour les enfants.
Je voulais qu’ils sortent tous.
Mais le son souterrain était tellement puissant que personne ne pouvait m’entendre.
Il y a eu beaucoup de panique. De nombreux enfants se sont mis à pleurer. Les plus âgés criaient aussi :
– N’allez pas vers les bâtiments !
Tout le monde s’est précipité vers les champs, à côté du Samadhi.
Je regardais les bâtiments. Ils bougeaient comme des drapeaux. J’ai tout de suite pensé à tous ceux qui étaient dedans. J’ai prié pour que personne ne soit blessé. Je ne savais pas s’il y avait encore du monde à l’intérieur.
Là, les briques du grand bâtiment ont commencé à tomber. Heureusement, ma mère et les filles qui étaient à la cuisine avaient pu vite sortir en courant, dès que ça a commencé à bouger, mais je ne le savais pas. C’était vraiment une chance. Elles étaient déjà loin du bâtiment, lorsque les murs en construction se sont écroulés au sol, quatre étages plus bas.
La première secousse a semblé durer une éternité.
Lorsque ça s’est arrêté, il y a eu un IMMENSE calme.

Et là, on a vu la poussière qui montait.
Toute la vallée s’est recouverte d’un énorme nuage de poussière.
Il n’y avait plus d’électricité, plus de téléphone !
J’avais tellement vu bouger l’étable, pendant le tremblement de terre, que j’ai cru que les vaches étaient toutes mortes. Elles étaient à l’intérieur, attachées. Des fondations du bâtiment étable, une énorme poussière blanche est sortie.

Nous avons tout de suite regardé si tout le monde allait bien.
Ensuite, la première chose que j’ai faite, dès que ça s’est arrêté, fut d’aller à l’étable. A priori, ça allait. Mais dans les deux jours suivants, deux vaches sont mortes et trois ont avorté. Le grenier pour la nourriture des vaches était totalement détruit… les mangeoires aussi.
Par chance, personne n’était blessé. Nous étions tous très choqués, mais tous sains et saufs.

Tremblements de terre de 2015 - Murs de brique détruits

4e et 5e étage du bâtiment principal – Murs de brique détruits

Le troisième camion a sauvé la vie de beaucoup d’enfants ! Sans lui, ils seraient tous allés au réfectoire, dans le grand bâtiment. Comme il faisait assez bon, ils se seraient installés devant l’entrée à côté de la cuisine pour manger, surtout les grands, comme ils le font très souvent. Et c’est là que sont tombées toutes les briques des murs du quatrième et cinquième étage.

Séisme de 2015 - Une maison de Katmandou détruite

Une maison de Katmandou détruite

Les Conséquences Matérielles

Au Népal, plus de vingt-cinq mille immeubles et plus de trois cent mille maisons ont été détruits ou endommagés.

Dans les ashrams, le bilan, loin d’être aussi dramatique, fut néanmoins assez lourd.

Ashram de Katmandou

La vieille maison fut à moitié détruite.
Depuis, elle a été reconstruite. Mais elle reste dangereuse et les enfants n’ont pas le droit d’y aller. Il est prévu qu’elle soit définitivement détruite.

Mais une idée se promène qui invite à en faire un musée du SAYM. Alors, elle va peut-être survivre et être en parti reconstruite et consolidée. L’avenir le dira.

La maison d'origine du SAYM à moitié détruite

La maison d’origine à moitié détruite

Le bâtiment où était l’étable fut tellement ébranlé dans ces fondations qu’il fut interdit à toute personnes par les autorités.
Un travail spécial et fort onéreux a dû être fait pour réparer et consolider les fondations.
Aujourd’hui, il est consacré à l’hôpital ayurvédique.
Du coup, en toute urgence, dès le lendemain du tremblement de terre, une nouvelle étable a dû être construite pour mettre les vaches à l’abri.

Tout le réseau d’eau a dû être refait également dans les jours qui suivaient. C’était très important, autant pour les humains que pour les vaches. Tous les systèmes solaires pour chauffer l’eau ont également été détruits.

Enfin, les murs de brique des 4e et 5e étages du bâtiment principal ont été détruits et ont dû être reconstruits.

Ashram du Teraï

Le temple de méditation a subit de nombreuses fissures. Il est resté en l’état.

Ashram de Gulmi

Le toit de la maison en pierre nouvellement construite a été détruit. Depuis, des piliers de bois ont été posé au milieu de chaque chambre pour supporter la nouvelle toiture.

Construction en urgence d'une nouvelle étable

Construction en urgence de la nouvelle étable

Les Conséquences sur la Vie Quotidienne

La principale conséquence de ces événements a été le regroupement des enfants dans les chambres disponibles. Ainsi, pendant plus de deux ans, ils se sont parfois retrouvés jusqu’à 15 dans une chambre où habituellement on accueille 3 visiteurs !

Les plus petits dormaient à 4 dans un lit à une place, 2 par 2, têtes bêches !

5 ans après ces événements, ils sont encore 6 ou 7 dans certaines chambres !
Mais la construction de la nouvelle guest-house va libérer une dizaine de chambres qui vont pouvoir être occupées. Dans le même temps, l’aménagement des chambres au 5e étage du bâtiment principal se termine.
Plusieurs jeunes femmes et jeunes gens de l’ashram vont enfin pouvoir bénéficier d’un environnement plus approprié à leur âge.

Abris temporaires des garçons de l'ashram

Construction des abris temporaires pour les garçons de l’ashram

Les Conséquences Financières

Outre les destructions qui ont généré un coût de réparation et de reconstruction de plus de 200000 euros, financées uniquement par les dons et les soutiens des amis dans le monde entier, les revenus traditionnels des fermes se sont effondrés.
Et ce, d’autant plus que le Népal a dû faire face pendant plus de sept mois, après ces événements, au blocus économique de l’Inde : plus d’essence, plus de ciment, etc. Les prix ont été multiplié par cinq !

L’économie du Sri Aurobindo Yoga Mandir a dû être repensée.
Ainsi, est née l’Agence de Trek !
Les tournées d’événements ont été intensifiées… et sont nées les retraites de yoga intégral.

Le Sri Aurobindo Yoga Mandir n’a reçu aucune aide de l’état népalais.
C’est finalement l’Ambassade de l’Inde au Népal qui a financé la construction de la nouvelle école, via le gouvernement népalais. Ce qui n’a pas facilité les choses. Ainsi, le 4e et dernier étage de l’immeuble, un grand amphithéâtre, est toujours en attente de construction.

Nouvelle école de l'ashram Yoga Mandir

Nouvelle école de l’ashram Yoga Mandir